De quelle loi s’agit-il dans l’épître aux Romains?
Beaucoup de commandements de l'Ancien Testament semblent ne pas être applicables à l’heure actuelle. En voici quelques exemples: «Tu ne laisseras point vivre la magicienne» (Exode 22:18), «Tous les sept ans, tu feras relâche […], tout créancier qui aura fait un prêt à son prochain se relâchera de son droit.» (Deutéronome 15 : 1-2) et «C'est dans le lieu (Jérusalem) que choisira l'Éternel, ton Dieu, pour y faire résider son nom, que tu sacrifieras la Pâque» (Deutéronome 16: 1-6).
Sur ce, certains érudits divisent les lois de l'Ancien Testament en trois catégories: les lois cérémonielles, les lois civiles et les lois morales.
Les lois cérémonielles concernaient notamment les sacrifices, l’érection du Tabernacle et les rites cultuels. Les chrétiens ne les appliquent pas du fait que ce système de lois a été rendu obsolète par l’œuvre de Christ (Colossiens 2:17, Hébreux 10: 1).
Les lois civiles étaient destinées à Israël en tant que nation. Elles régulaient le commerce, protégeaient les droits de l'homme, définissaient des politiques en matière d'application de la loi et protégeaient l'identité religieuse d'Israël. Il n'est pas possible pour les chrétiens d'aujourd'hui de respecter ces lois, car elles ne sont pas incluses dans la législation de leur nation. Par exemple, à l'époque de l'Ancien Testament, lorsque quelqu'un était censé subir la peine capitale pour avoir pratiqué l’idolâtrie, la sentence ne pouvait être la conclusion d’une décision strictement individuelle. Il fallait qu’un juge examinât l'affaire en présence et avec le consentement de tout le peuple (Deutéronome 17: 6-12).
► Pourquoi n'est-il pas possible d’appliquer les lois civiles telles qu’elles ont été données à Israël dans un contexte chrétien?
Les lois morales constituaient un cadre référentiel pour discerner le bien et le mal à toutes les époques. Le Décalogue interdit, par exemple l'idolâtrie, le blasphème, l'adultère et le vol (Ex. 20: 5, 7, 14, 15).
Par ailleurs, même si les chrétiens n’obéissent pas littéralement aux prescrits des lois cérémonielles et civiles, celles-ci conservent toute leur importance. Car ces lois révélaient la nature de Dieu aux hommes de ces époques. Or, la nature de Dieu est immuable. Même si actuellement on ne condamne pas à mort les idolâtres et les adultères, ces lois nous montrent que ces péchés sont en abomination à l’Éternel ; même si nous ne laissons pas en arrière quelques épis dans le champ pour les pauvres, nous savons pertinemment que nous devrions nous en préoccuper de manière pratique ; et même lorsque nous n’allons pas à l’église avec des animaux pour le sacrifice, nous savons que tout appartient à Dieu, et que nous devrions lui donner de nos avoirs. En fait, même si nous n’accomplissons ces lois littéralement, nous trouvons de nouvelles applications qui en respectent les principes.
Les lois civiles et cérémonielles instaurent des principes de moralité. Rejeter ces principes équivaudrait à rejeter également les lois morales. Nous n’avons pas besoin par exemple d’encercler le toit de notre maison d'une balustrade si elle n'est pas conçue pour avoir des gens dessus (Deutéronome 22: 8). Mais cette ancienne loi laisse tout de même comprendre qu’il faut s’assurer que sa maison ou son domaine soit sécuritaire pour les gens.
► Comment pourrait-on appliquer de manière pratique le principe de Deutéronome 22: 8?
Alors, de quelle loi de Dieu s’agit-il dans l’épître aux Romains? Il s’agit de la volonté de Dieu pour l'homme, exprimée dans ses commandements (Ancien et Nouveau Testament). Bien qu’une application littérale de certains de ces commandements se révèlent impossible, la volonté de Dieu pour l'homme demeure essentiellement la même. Et la violation de sa volonté ou de sa loi est un péché (1 Jean 3: 4).
La présente leçon poursuit l’étude de la quatrième partie de l’épître aux Romains intitulé : « La sanctification du justifié ». Dans la dernière leçon, nous avons étudié le chapitre 6 qui parlait de l’affranchissement du péché.
Dans cette leçon, nous étudierons le chapitre 7, «Le pécheur condamné». Si les chapitres 6 et 8 décrivent la vie victorieuse du croyant, le chapitre 7 dépeint un contraste frappant soulignant la condition du pécheur conscient de sa culpabilité sans pouvoir en faire quoique ce soit.
Idée principale du chapitre 7
Celui qui connaît la loi de Dieu sans avoir été transformé par la grâce, est incapable de se soustraire de l’emprise du péché et de la condamnation de la loi.
Résumé de la section (7: 1-25)
Ce chapitre dépeint la condition d'une personne qui est « sous la loi ». Être sous la loi signifie que l’individu se tient debout devant Dieu, attendant d'être jugé sur la base de son obéissance à la loi. Étant donné que tous ont péché, être sous la loi signifie que l’on est tous condamné. La personne sous la loi n'a pas encore été justifiée.
Les versets 1 à 6 expliquent comment le croyant est mort par rapport à la loi. Le reste du chapitre montre pourquoi cela est nécessaire (voir le « pour quand » dans le v. 5 et le « mais maintenant » dans le v. 6). Les versets 7-13 montrent que la loi est bonne, mais elle exacerbe le péché. Les versets 14-25 traitent de l'impuissance du pécheur convaincu et non régénéré.
► Qu’un (e) étudiant (e) lise 1: 11-15 et 15:24 pour la classe.
Commentaires verset par verset
(1-3) Ces trois versets sont une illustration introduisant l’idée exprimée dans les trois prochains versets. L’apôtre se sert de la notion du mariage pour illustrer la relation de l’homme avec la loi. Une femme n'est pas autorisée à quitter son mari et à épouser un autre, mais si son mari meurt, elle est libre de son autorité. Cette obligation vis-à-vis de la loi ne concerne pas seulement les Juifs et la loi mosaïque, mais tous les hommes, car nous serions tous jugés par la loi de Dieu si nous n’étions pas sauvés par grâce.
L’idée centrale de l’illustration de Paul est que la mort affecte la relation de deux personnes mariées. Dès que la mort frappe l’un des conjoints, elle change la donne. Nous sommes morts à notre ancienne vie (à la loi) dès l’instant nous fûmes unis à Christ. Toutefois la Loi n'est ni annulée ni abolie. Mais les accusations portées contre nous par la Loi, nous inculpant de «transgresseurs de la loi» ont été complètement réduite en silence par l’œuvre expiatoire et substitutive de Jésus. Nous sommes à présent « mariés » avec Christ. Ce qui ne fait pas de nous des sans loi. Nous n'avons pas le droit de violer la loi maintenant que nous sommes chrétiens. Au lieu de cela, nous sommes habilités, par le Saint-Esprit, à vivre selon l'esprit de la Loi.[1]
(4) Toute violation de la loi entraîne la peine de mort. Etant donné que Christ est mort à notre place, nous nous identifions à lui, de sorte que l’on peut affirmer que nous étions « mis à mort […] par le corps de Christ.» Et puisque les exigences de la loi ont été pleinement satisfaites, elle n’a plus d’emprise sur nous. Désormais, nous n’y obéissons pas par peur d’être exécutés. Etre mort à la loi signifie que nous n'avons nul besoin d’y obéir afin qu’il soit notre moyen de justification, car nous avions été justifiés par grâce.
(5) Le péché est provoqué par la loi du fait que c’est elle qui le définit et qui empire la situation de celui qui se rebelle contre elle.
[1] Allan Brown, «The Problem That Hinders Our Sanctification»
Moment de réflexion: Définition de la chair / charnel
Les étudiants doivent consulter la plupart des références de la rubrique « Moment de réflexion » ci-après afin de pouvoir comprendre les concepts.
Le radical grec sarx se traduit à la fois par « chair » et « charnel » dans le Nouveau Testament. Toutefois, ces deux termes sont généralement interchangeables.
Différentes personnages bibliques nous sont présentés comme étant « dans la chair ». Cette expression peut avoir au moins deux significations différentes en fonction du contexte.
L’une des significations fondamentales de l’expression désigne tout simplement un être humain, ou la nature mortelle de l’homme. C’est en ce sens que Jésus était dans la chair (1 Timothée 3:16, 1 Pierre 3:18). Même une personne menant une vie sainte peut être considérée comme étant dans la chair (2 Corinthiens 10: 3; Galates 2:20; Philippiens 1:22, 24). La chair est considérée moralement neutre lorsque le terme est utilisé dans ce contexte, comme lorsque Paul avait signalé aux Galates qu'ils ne pouvaient pas terminer dans la chair (efforts humains) ce que la grâce avait commencé.
Toutefois, le second sens de cette expression désigne une personne contrôlée par une nature déchue et pécheresse. Cette condition est typique de l’homme non régénéré (Éphésiens 2: 3). Galates 5 : 13-25 fait état des œuvres naturelles de cette nature. Romains 8: 1-13 contraste le fait d’être « dans la chair » au fait d'être sauvé. L’affection de la chair produit la mort (6) et l'inimitié contre Dieu (7). La personne qui vit selon la chair ne pourra plaire à Dieu (8) ni ne vivra (13). La description de celui qui vit selon la chair dans ce passage rappelle condition du pécheur décrite dans Romains 7 (voir 7: 5, 14, 18, 25). Celui qui vit selon la chair commet des œuvres de péché pour lesquelles il recevra la peine de mort spirituelle et éternelle (Romains 7: 5). Une telle personne n'est pas encore sauvée.
Il est à signaler que la nature déchue de l’homme peut toujours influencer un nouveau converti sans qu’elle n’exerce sur lui un contrôle absolu. Paul avait traité les Corinthiens de charnel après leur régénération (1 Corinthiens 3: 1). Dans ce même verset, Paul insinue que la charnalité est une condition normale pour les « bébés en Christ », mais non une condition permanente pour le croyant. En ce sens, Paul a critiqué les Corinthiens pour le fait qu’ils restaient à l’état de bébé. Cependant, ils n’étaient pas « dans la chair », ou contrôlés par lui, car ils n’auraient pas été sauvés.
Commentaires verset par verset, suite
(6) Depuis que nous sommes morts à la loi en Christ, la loi est aussi morte pour nous. La liberté ne signifie pas que nous ne sommes plus des serviteurs; mais à présent, nous servons avec intelligence, plutôt que d'essayer de satisfaire des exigences de la loi sans en saisir l’esprit.
(7) Paul avait signalé précédemment que la loi avait un effet multiplicateur sur le péché (5:20). Or, dans ce chapitre, il avance que le péché en compagnie de la loi produit des fruits de mort (v. 5). Il est donc légitime de se demander si la loi en soi est un péché. Mais l’apôtre démontre que la loi ne l’est donc pas puisqu’elle en est le juge qui le condamne.
(8) La condition du pécheur conscient de la méchanceté de ses actes ne peut que s'aggraver, car après avoir reconnu sa culpabilité, il a tendance à se révolter et à pécher de manière consciente.
(9) Le pécheur ignorait qu'il était condamné à mort avant sa rencontre avec les exigences de la loi. Mais, même pour celui qui pèche sans la connaissance de la loi de Dieu, son sort est scellé, car le péché entraîne la mort (voir 2:12 et 5:14).
Dans Romains 7: 7-25, Paul raconte son expérience avant sa conversion en tant que pharisien et explique comment il en est finalement venu à prendre conscience de son besoin de Christ. Dans Romains 7, il nous dit qu'avant que le Saint-Esprit ouvre ses yeux sur la convoitise qu'il avait dans son cœur, il pensait parfaitement respecter la loi. (Voir son témoignage dans Philippiens 3: 6 quand il dit qu’il était «irréprochable, à l'égard de la justice de la loi»). Comme il l'a dit dans Philippiens 3: 9, en tant que pharisien, il pensait que sa justice découlait de la loi. Mais après que le Saint-Esprit lui a ouvert les yeux sur la convoitise de son cœur, il a témoigné qu'il était mort spirituellement (Romains 7: 9). Ceci est évidemment une affirmation comparative: il pensait autrefois être spirituellement vivant en observant la loi; quand il a compris qu'il était coupable de convoitise et ne respectait pas la loi, il s'est rendu compte qu'il était réellement mort. Paul continue son témoignage dans 7: 14-25. Il faisait de son mieux pour cesser d'être pécheur, mais il ne le pouvait pas. L’ensemble du témoignage de Paul est celui d'une défaite totale face au péché. Mais sa déclaration en Romains 7:25 révèle que la délivrance ne vient que par Jésus-Christ (Allan Brown, «The Problem That Hinders Our Sanctification»).
(10) Le but de la loi était d’ordre éthique. Elle n’a jamais été un moyen de salut, mais elle devait servir de cadre de vie à ceux qui connaissaient Dieu. Mais étant donné que l’homme déchu et irrégénéré ne peut la suivre, elle devient un objet de mort au lieu d’être une direction pour la vie.
(11) L’apparence bénéfique, agréable et inoffensive du péché en dissimule la vraie nature. Mais dès qu’une personne mord à l'hameçon, elle tombe sous le coup de la condamnation même si elle arrive à limiter les dégâts de son péché. Car le jugement de Dieu est selon la loi et non selon les résultats du péché (voir les commentaires sur Romains 3: 5-7.).
(12) La loi révèle la nature de Dieu – elle est sainte, juste et bonne, au même titre que son auteur.
(13) La loi n’est pas mauvaise en soi, mais des conséquences néfastes en découlent lorsque le péché se mêle de la partie. Le péché se sert de la loi pour condamner à mort toute l’humanité. Par la loi, le mal du péché se manifeste dans toute sa splendeur.
Moment de réflexion: Portrait d’un incroyant
Plus d’un pensent que le passage de Romains 7: 14-25 fait la description d’un croyant typique, mais considérons la description de plus près.
Laquelle description concerne une personne vendue au péché, comme un esclave. En d’autres terme, cette personne n'est pas encore rachetée (14). Elle est en mesure d’identifier ce qui est juste sans pouvoir l’appliquer (18). Elle est prisonnière (23), misérable et assoiffée de délivrance (24).
Du verset 5 au verset 24 (cette section débute avec l'expression «lorsque nous étions dans la chair » et se termine par la question «qui me délivrera du corps de cette mort?»), il n'y a aucune référence à Christ, au Saint-Esprit, à la grâce, à la vie ou à la victoire; mais il y a 52 références à la première personne (je, mon, ma, mes, moi), 16 références à la loi et 15 au péché.
Il est impossible pour qu’une telle personne ait reçu la délivrance décrite au chapitre 6, où l’auteur a signalé à plusieurs reprises que le croyant n'est plus l’esclave du péché. C'est une personne se trouvant sous la loi, comme cela a été présenté au début de ce chapitre (1, 5- 6). Le verset 14 en fait appui l’idée que le reste du chapitre décrit la même condition évoquée dans les versets 1 et 5-6.
Romains 8: 1 insinue qu’il n’y a aucune condamnation pour ceux qui ne marchent pas selon la chair (comme dans 7: 5, 25). Nous savons que celui qui vit selon la chair est condamné, et qu’aucun condamné n’a la vie éternelle en lui. Or, la personne du chapitre 7 est livrée à elle même et complètement sous l’empire de la chair.
Selon Romains 8: 3, la condition de faiblesse sous la loi est terminée pour le chrétien; par conséquent, la condition d'impuissance décrite au chapitre 7 ne peut être assimilée à la condition d'un croyant.
Par ailleurs, Romains 8: 6-7 affirme que l’affection de la chair enfante la mort et qu’elle est inimitié contre Dieu. Mais la description de la personne livrée à ses passions charnelles débute à partir du verset 7:14. Il est donc clair que la personne charnelle de ce contexte-ci, n'est pas sauvée. (Pour les autres utilisations du mot charnel, voir la rubrique « Définition de chair et charnel ci-dessus.)
Alors pourquoi Paul se décrit-il lui-même d’une telle manière? S’il commence par décrire un pécheur qui tombe sous le coup de la conviction de la loi à partir du verset 7, le reste du chapitre rapporte son expérience avant sa conversion. Mais arrivé au chapitre 8, l’apôtre aborde le thème de victoire chrétienne. Il est impossible que la personne décrite dans 8: 1-4 soit encore dans la condition évoquée au chapitre précédent.
En somme, il est évident que le chapitre 7 décrit un homme non régénéré qui sait qu'il est condamné par la loi de Dieu, mais incapable de vivre dans l'obéissance à celle-ci.
Que les étudiants résument dans leurs propres mots les informations présentées dans le bloc ci-dessus. Il n’est pas nécessaire de chercher à épuiser la question pour le moment, car la suite de cette leçon y apportera d’autres éléments de preuves.
Commentaires verset par verset, suite
(15) La plupart des pécheurs souhaiteraient faire mieux, sans pour autant qu'ils soient chrétiens. Ce simple souhait non matérialisé prouve qu'ils ne sont pas encore délivrés de la puissance du péché.
(16) Ce désir de perfection montre en fait qu'ils savent que la loi est bonne même s'ils ne s’y conforment pas.
(17-23) L’apôtre parle du péché comme si c'était une chose qui prévalait sur la volonté de l'homme. L'homme déchu a perdu le libre arbitre que Dieu lui avait accordé à l'origine. La volonté de l'homme est tellement affaiblie qu'un pécheur ne peut choisir Dieu à moins que le Seigneur, par le biais de la grâce prévenante, ne lui restaure la volonté.
La grâce prévenante est l'action de Dieu auprès de ceux qui ne lui ont pas encore répondu. Cette grâce restaure le libre-arbitre de l’individu et le porte à désirer Dieu. Elle est universellement disponible afin que tous les hommes puissent réellement choisir d'être sauvés ou non.
Dieu travaille au salut de tous (Jean 6:44; Ephésiens 2: 4-5, 12-13, 17; Tite 2:11, 3: 3-5), mais une personne n'est sauvée que si elle répond à Dieu.
(24) C’est le cri de désespoir et de frustration d'une personne se rendant compte de sa complète incapacité à se sauver. Un tel cri ne pourrait être celui d'une personne sauvée.
(25) Telle une lumière perçant les ténèbres de la vie du pécheur désespéré l’apôtre éclate en louange dans ce verset.
Puis, il résume brièvement le passage ainsi : le pécheur reconnaît mentalement que la loi est juste, mais ses désirs impies le retiennent dans le péché. De tels rapports serviles avec le péché et la chair sont condamnés par Dieu (7: 5, 8: 3).
Comprendre le personnage de Romains 7
Dans ce passage, Paul parle de la puissance de la dépravation héréditaire («la loi du péché») dans la vie de l'individu qui n’a pas connu Christ. Il fut lui-même avant sa conversion, et après qu’il se rendit compte de sa condition déplorable, en lutte avec sa propre nature.[1]
La loi du péché agissant dans les membres de Paul produisait les résultats suivants:
Il fait ce qu'il déteste (15)
Il fait ce qu'il ne veut pas faire (16)
Il a le désir de bien faire, mais pas le pouvoir (18)
La loi du péché résiste à la loi de son esprit (23)
Il est captif de la loi du péché (23)
Il est divisé: son esprit sert Dieu, mais sa chair sert la loi du péché. (25)
Conclusion : Personne ne peut servir deux maîtres. On ne peut être libéré du péché et se trouver sous son emprise ni être l'esclave de Dieu et l'esclave du péché en même temps. Le langage de Romains 7: 14-25 s’oppose donc radicalement aux déclarations de Romains 6 sur la délivrance du croyant de l'esclavage au péché. Par conséquent, Romains 7: 14-25 ne peut être que la suite de la description entamée au verset premier du même chapitre sur la relation d'une personne non régénérée avec le péché et la loi.
Si Romains 6 explique la relation du croyant avec le péché au regard de sa crucifixion et de sa résurrection avec Christ, Romains 7 expose celle du pécheur avec la loi; le combat intérieur engagé entre le péché et la loi; et la lutte du pécheur conscient des exigences de la loi de Dieu, mais incapable de les accomplir de son propre chef à cause de sa condition d’esclavage au péché de sa nature.
Diverses interprétations ont été attribuées à Romains 7: 14-25.
Interprétation 1: Nombreux sont les commentateurs depuis Augustin jusqu’à Nygren, y comprit les pères de l’église latine, Martin Luther, et Jean Calvin (avec la théologie calviniste plus récemment) qui soutiennent dans leurs écrits que Paul décrivait la vie Chrétienne normale. Ils argumentent pour dire que le temps des verbes ne sont pas au passé, mais au présent. Pour Paul, insistent-ils, la vie chrétienne fourmille de toutes sortes de problèmes non résolus.
Interprétation 2: D’autre part, il existe un groupe d'érudits encore plus nombreux, du nombre desquels se classent Origène, la plupart des pères de l’église grècque, John Wesley, A. Deissman, H. St. John Thackeray, A.S. Peake, J.S. Stewart, Daniel Steele, Denney et C.H. Dodd qui croient que cette description de Paul concerne la condition d'un homme avant la conversion. Ils soutiennent que les phrases telles que « vendu au péché » et « misérable que je suis !» ne sont pas en harmonie avec la description d'un croyant dans Romains 6 et Romains 8. Selon Romains 6, le croyant étant mort au péché et libre de la puissance du péché, doit s'approprier par la foi et une soumission totale à Dieu la liberté disponible en Christ pour la victoire sur le péché. Selon Romains 8, la personne qui vit selon la chair ne peut pas plaire à Dieu et n'a pas l'Esprit du Christ en lui. Assurément, Romains 7: 14-25 dépeint une personne contrôlée par la chair.
Conclusion : Les preuves semblent parler beaucoup plus en faveur de la deuxième interprétation.
Contraste entre «l'homme misérable» et «l’homme sauvé»
Le «misérable» de Romains 7: 14-25 réalise qu’il est condamné pour ses péchés. En revanche, le chrétien en Christ Jésus ne subit aucune condamnation (Romains 8: 1). Le «misérable» de Romains 7: 14-25 était «vendu comme esclave au péché» (Romains 7:14) et, en tant que tel, prisonnier de la «loi du péché» (Romains 7:23), et avec servait dans sa chair la «loi du péché» (Romains 7:25). En revanche, le chrétien a été affranchi de la «loi du péché et de la mort» au moyen de la loi de l'Esprit de vie en Christ Jésus (Romains 8: 2). Le «misérable» de Romains 7: 14-25 ne pouvait pas obéir à l'ordre mosaïque interdisant la convoitise (Romains 7: 8). Même s'il savait que la loi était sainte, juste et bonne (Romains 7:12), il ne pouvait pas y obéir. En revanche, le chrétien accomplit les exigences de la loi dans sa vie parce qu'il marche selon l'Esprit et non selon la chair (Romains 8: 4).
Le chrétien qui obéit aux ordres de Romains 6: 11-13 et de Romains 12: 1 ne peut pas être la personne décrite dans Romains 7: 14-25.
Questions fréquemment posées sur le misérable.
Voici quelques questions fréquemment posées par ceux qui pensent, à tort, que Paul décrivait sa propre vie chrétienne dans Romains 7: 14-25.
Question 1: Qu'en est-il de la déclaration de Paul selon laquelle il prend plaisir à la loi de Dieu selon l'homme intérieur (Romains 7:22)? Un homme non régénéré peut-il se délecter de la loi de Dieu?
Réponse : Tout pharisien aurait affirmé son plaisir dans la loi de Dieu. Car les pharisiens consacraient toute leur vie à l'étude de la Torah. Paul s'était consacré à la loi et désirait sincèrement y obéir. Mais lorsque le Saint-Esprit lui révéla la cupidité de son cœur, lui montrant sa véritable condition spirituelle, Paul constata qu'il continuait à faire le mal en dépit de son désir de faire le bien. La loi montra à Paul comment vivre sans lui en donner la capacité de le faire.
Question 2: Qu'en est-il de l’utilisation du temps présent dans Romains 7: 14-25? Paul écrit: « Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle; mais moi, je suis charnel, vendu au péché » (Romains 7:14).
Réponse : Le passage du temps passé dans Romains 7: 7-13 au présent dans Romains 7: 14-25 n'affecte en rien le caractère autobiographique de son témoignage. Mais l’usage du temps présent dans 7: 14-24 n’indique pas nécessairement que l'expérience décrite faisait partie du quotidien de Paul au moment où il écrivait Romains en tant qu'apôtre, missionnaire et chrétien mature. Les auteurs grecs utilisaient fréquemment le présent «historique» ou «dramatique» dans le but de rendre un événement ou une expérience du passé plus intense pour les lecteurs. Par conséquent, l'utilisation du présent en vue de rendre son passé antérieure à sa conversion plus pénétrante ne peut constituer la base d’une interprétation insinuant que Paul luttait encore avec le lien du péché dans sa vie quotidienne. Paul a clairement indiqué dans Romains 6 et Romains 8 qu'un chrétien n'est pas «vendu comme esclave au péché (Romains 7:14).
Question 3: Qu'en est-il du parallèle entre ce passage et la lutte de nombreux chrétiens dans leur vie?
Réponse: Il est un fait indéniable que le chrétien connaitra des luttes personnelles contre le péché avant d’apprendre qu’il doit par la foi se considérer comme mort au péché, mais vivant pour Dieu en Jésus-Christ (Romains 6:11) ; offrir son corps comme un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu (Romains 12: 1); et utiliser les membres de son corps comme des instruments de justice (Romains 6:13, 19). Cependant, la lutte est bien différente de celle du «misérable». Le «misérable» de Romains 7: 14-25 ne peut s’arrêter de pécher, car il en est un esclave. Ce n'est pas le cas d'un vrai chrétien. Un chrétien tombera occasionnellement, mais sa vie n’est pas celle de l’esclavage de la loi du péché et de la mort. Il est uni à Christ et libéré de la puissance de sa nature pécheresse (Romains 6: 1-10).
Conclusion:
Le misérable de Romains 7: 14-25 n’est pas un chrétien. Une personne ne peut pas être libérée du péché tant qu'elle en est encore l’esclave, ni être l'esclave de Dieu et l'esclave du péché simultanément, car comme l'a dit Jésus, «aucun homme ne peut servir deux maîtres» (Mat. 6:24, Luc 16:13). Romains 7: 14-25 est la suite de la description du rapport d'une personne non régénérée au péché et à la loi mosaïque qui a été introduite dans Romains 7: 7-13.
Que les étudiants discutent de la question de l'identité de la personne dans Romains 7, en tenant compte des détails et des explications fournies.
[1]Cette section est extraite des notes de classe d'Allan Brown, professeur au à l'école et au collège bibliques de Dieu
L’utilisation de la loi dans l'évangélisation
L'apôtre nous dit en 7: 7 que la loi expose le péché. C'est le moyen par lequel le pécheur réalise son besoin de salut. Au travers de l'histoire de l'Église, les évangélistes les plus efficaces se sont servis de la loi de Dieu pour susciter le désir du salut dans le cœur des pécheurs.
Les citations suivantes font ressortir le point de vue de certains évangélistes sur l'utilisation de la loi dans l’évangélisation.
Des étudiants peuvent lire les citations à tour de rôle et les expliquer avec l'aide des autres étudiants de la classe.
De Charles Spurgeon, le plus grand prédicateur évangélique en Angleterre au XIXème siècle.[1]
En supprimant la loi, vous supprimez automatiquement le péché, car celui-ci est la transgression de la loi; et là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas de transgression. Lorsque vous éliminez le péché, vous pouvez aussi bien éliminer le Sauveur et le salut, car ils ne sont plus nécessaires. Mais à quoi sert ce grand et glorieux salut que Jésus-Christ est venu apporter à l’humanité, lorsque le péché ne représente plus un danger?
Les hommes n'accepteront jamais la grâce tant qu'ils ne trembleront pas devant une loi juste et sainte; par conséquent, la loi est essentiellement nécessaire et bénie.
De Charles Finney, évangéliste américain dans les années 1800.[2] Par son ministère, il a fait plus de conversions que tout autre prédicateur au cours de ce siècle.
« On ne peut demander ou accepter le pardon de tout son cœur et en saisir la valeur sans avoir réalisé l’évidence de sa juste condamnation. »
« La spiritualité de la loi devrait être appliquée sans ménagement à la conscience jusqu'à ce que la propre justice du pécheur soit annihilée et qu'il reste sans voix et condamné à lui-même devant un Dieu saint. »
« La loi doit toujours préparer la voix à l’Évangile. Il est presque certain que le fait de négliger une telle entreprise dans l'instruction des âmes donnera lieu à de faux espoirs, à l'introduction d'un faux standard de l’expérience chrétienne et la prolifération des faux convertis au sein de l'église. »
De Martin Luther, le réformateur allemand qui initia un mouvement de retour a l'Évangile biblique, ce qui entraîna des milliers de conversions.[3]
Mais Satan. . . a suscité une secte si condescendante que celle-ci enseigne l’extirpation des Dix Commandements dans l'église et interdit l’usage de la loi pour terrifier les hommes, mais elle encourage les douces exhortations par la prédication de la grâce de Christ.
De John Bunyan, l'auteur du Voyage du Pèlerin, le livre le plus célèbre traitant le voyage du chrétien vers le ciel.[4]
« Tant que les hommes ignorent la nature de la loi et leur situation par rapport à celle-ci - c’est-à-dire qu’ils sont sous le coup de la malédiction et de la condamnation, en raison de leur contravention contre elle - ils négligeront de connaitre l’essence du vrai Évangile. »
« L'homme qui ignore la loi, méconnait en actes et en vérité qu'il est un pécheur et conséquemment qu'il y a un Sauveur. »
De Jonathan Edwards, théologien et prédicateur du Premier Grand Réveil en Amérique et responsable de milliers de conversions[5].
« La seule façon de savoir si nous avons péché est de connaître la loi morale de Dieu. »
De John Wesley[7], évangéliste de renom, forma une puissante organisation avec ceux qui s’étaient convertis par le biais de son ministère ou celui de ses collaborateurs. Avant sa mort, le nombre total des adhérents s’élevait à 79 000 personnes en Angleterre et à 40 000 en Amérique.
« Le premier usage de la loi est en fait, la destruction du pécheur; c’est-à-dire détruire la vie et la force en lesquelles il se confiait et le convaincre qu’il n’est pas seulement condamné à mort, mais réellement mort au regard de Dieu, étant privé de vie spirituelle, car il est «mort par ses offenses et par ses péchés». Le second consiste à le ramener à la vie et le conduire à Christ afin qu'il vive. »
« Il ne faut jamais penser ou parler à la légère de [la loi] cet instrument béni de la grâce de Dieu. Il convient au contraire de l’aimer et de l’apprécier en révérence à celui de qui elle émane et vers qui elle nous conduit. »
De John Wesley, «La loi établie par la foi: discours 1.»[8]
« Dans tous les âges de l'Église, il y a eu des gens (même parmi ceux qui se disent chrétiens) qui ont prétendu que la foi donnée une fois aux saints devait abolir toute la loi. Ils n’épargneraient pas plus la loi morale que la loi cérémonielle, voulant, pour ainsi dire, argumenter « si vous établissez une loi quelconque, Christ ne vous profite de rien. Christ vous devient inutile et vous êtes déchus de la grâce ».
« Mais le zèle de ces gens n’est-il point sans connaissance ? Ont-ils observé la connexion étroite entre la loi et la foi, et, que, par suite de cette connexion, détruire l’une c’est détruire l’autre? Qu’abolir la loi morale, c’est abolir, du même coup, la loi et la foi ; car c’est détruire le vrai moyen, soit de nous conduire à la foi, soit de ranimer ce don de Dieu dans notre âme ? »
« Est-ce qu'ils se rendent compte que la loi et la foi sont liées et que détruire l'une signifie détruire l'une et l'autre? Abolir la loi morale, c'est ne laisser aucun moyen approprié de nous amener à la foi ou de susciter ce don de Dieu dans notre âme. On ne saurait nier que la prédication de l’Évangile à elle seule a pu réveiller un grand nombre de pécheurs du sommeil de la mort, mais la voie ordinaire de Dieu, c’est de convaincre les pécheurs par la loi et par elle seule. Ce n’est point l’Évangile que Dieu a ordonné, ni que le Seigneur lui-même a employé dans ce but. Nous n’avons rien dans l’Écriture qui nous autorise à l’appliquer ainsi, ni qui nous fasse espérer de le faire avec succès. Nous ne pouvons pas nous appuyer sur la nature même de la chose. « Ce ne sont point ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ceux qui sont malades. » Il serait absurde d’offrir un médecin à ceux qui sont en santé ou qui, du moins, se croient tels. Prouvez-leur d’abord qu’ils sont malades, ou ils ne vous sauront, pas gré de votre peine. Il n’est pas moins absurde de d’offrir Christ à ceux dont le cœur n’est point brisé. C’est à proprement parler, « jeter les perles devants les pourceaux ». Ils ne manqueront pas de « les fouler aux pieds », et s’ils « se retournent et vous déchirent, » c’est tout ce que vous pouviez attendre. »
« Mais si nous ne trouvons pas dans l’Écriture le commandement de prêcher Christ au pécheur endormi, cette prédication n’a-t-elle pas des précédents scripturaires ? »- Je n’en connais point. Je ne crois pas que vous en puissiez produire un seul ni des quatre évangiles ni des Actes des apôtres. Et vous ne pouvez non plus, par aucun passage de leurs épîtres, prouver que telle ait été la pratique des apôtres. »
« Lorsque Félix envoya quérir Paul et qu’il l’entendit parler de sa foi en Christ, au lieu de prêcher Christ, « il parla de la justice, de la continence et du jugement à venir » jusqu’à faire « trembler Félix », malgré son endurcissement. Allez et faites de même. Prêchez Christ au pécheur insouciant, en « parlant de la justice, de la tempérance et du jugement à venir ».
« Prêcher Christ, c’est prêcher tout ce qu’il a révélé, soit dans l’ancien, soit dans le Nouveau Testament, en sorte que, lorsque vous dites : « Les méchants seront jetés en enfer, toutes les nations qui oublient Dieu », vous prêchez Christ aussi réellement que lorsque vous dites : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ».
« Pesez bien ceci : que prêcher Christ, c’est prêcher toutes les paroles de Christ, toutes ses promesses, toutes ses menaces et tous ses commandements, tout ce qui est écrit dans son Livre ; alors vous saurez comment prêcher Christ sans anéantir la loi. »
► Quel est le problème posé par une prédication centrée exclusivement sur l'amour et le pardon de Dieu, mais qui n’attire pas l’attention des gens sur la gravité de leur condition de péché?
[1] Charles Spurgeon, The Perpetuity of the Law of God.
(1) Expliquez en quoi la classification des lois de l'Ancien Testament est-elle importante pour nous.
(2) Que signifie «être condamné à la loi»?
(3) Quelles sont les deux utilisations du terme « dans la chair »?
(4) En quoi la présence de la loi aggrave-t-elle le péché?
(5) A quoi sert la loi dans l'évangélisation?
Leçon 7 Devoir
Identifiez quelques lois de l'Ancien Testament qui ne sont pas mentionnés dans cette leçon; précisez si elles sont cérémonielles, civiles ou morales et expliquez comment le chrétien devrait les appliquer aujourd'hui.
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