[1] Jésus se promenait sur les bords de la mer de Galilée quand il croisa un collecteur d’impôts nommé Lévi. Ce dernier, travaillant pour le compte des romains, était donc méprisé par les rabbins juifs. À la grande surprise de Lévi, Jésus lui dit : «suis-moi». Si les autres rabbins juifs ne voyaient en Lévi qu’un collecteur d’impôts, Jésus y voyait une âme à aimer.
Après cela, Jésus participa à un festin tenu dans la maison de Lévi où s’étaient réunis des collecteurs d’impôts et d’autres pécheurs notoires. Les pharisiens furent choqués. Ils se demandaient pourquoi Jésus un juste mangeait avec des pécheurs? Mais Jésus leur dit : «Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Marc 2:17).
Le comportement de Jésus offensait ses contempo-rains. Au temps de Jésus, les Pharisiens avaient la réputation d’être le clan le plus saint de la nation. Ils se disaient : « Nous sommes saints, donc nous ne communions pas avec les pécheurs. » Mais Jésus a dit : « Je suis saint, mais j’aime les pécheurs.»
Jésus ne repoussait pas les pécheurs qui voulaient le suivre. Pendant qu’ils le suivaient, ils avançaient sur la voie de la sanctification. Ainsi, le Seigneur a laissé un modèle d’amour qui a changé la face du monde, et a montré que la sainteté consiste à aimer Dieu et ses semblables. La vraie sainteté change le monde.
Seigneur,
fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur,
que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.
-St. François d’Assises
La sainteté au temps de Jésus
► Comment la sainteté se mesure-t-elle à l’heure actuelle? Quelle est la différence entre le standard actuel et celui du temps de Jésus?
Comment les contemporains de Jésus concevaient-ils la sainteté? Qu’attendaient-ils de la part d’une personne sainte? L’analyse de ces questions nous permettra de saisir la raison pour laquelle la vie et l’enseignement de Jésus offensaient tant ses contemporains.[1]
La conception populaire de la sainteté au temps de Jésus
Le peuple croyait que l’Éternel est un Dieu saint et que son peuple devrait être saint. Un Dieu saint veut que son peuple soit saint. Israël fut envoyé en captivité parce qu’il n’était pas saint.
Le peuple croyait que la sainteté impose la séparation du mal. Car l’Ancien Testament exigeait au peuple de Dieu de s’éloigner de tout ce qui est impur.
Le peuple était au courant de la promesse divine selon laquelle Dieu écrira sa nouvelle alliance dans le cœur des individus. Dieu leur avait promis de leur donner un nouveau cœur et un esprit nouveau pour les aider à garder ses commandements (Ézéchiel 36:26). Les contemporains de Jésus attendaient l’accomplissement de cette promesse.
Le peuple savait qu’un Dieu saint garde ses promesses et reste fidèle à son alliance. Même si la nation avait violé l’alliance, Dieu reste toujours fidèle. Le peuple juif avait l’assurance que la gloire de Dieu reviendrait sur la nation si elle marchait dans la droiture.
Le comportement des contemporains de Jésus
Les religieux du temps de Jésus croyaient en ces principes, mais ils ne vivaient pas selon les standards divins de la sainteté. Leur cœur n’était pas saint.
Les sacrificateurs plaçaient leur confiance dans le temple. Ils croyaient que les sacrifices offerts selon les normes attireraient la gloire de Dieu. À cela, Jésus leur dit que les rituels à eux seuls ne valent rien: « Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices » (Matthieu 9:13).
Les Esséniens concevaient la sainteté en terme de séparation avec le monde. Ils vivaient en communauté dans les parages de la Mer morte. Mais Jésus a dit : « De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance » (Luc 15:7), et « je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Matthieu 9:13). Jésus ne craignait pas de toucher les lépreux ni de s’attabler avec les pécheurs. Jésus nous a montré que la sainteté est possible dans un monde pervers.
Les Pharisiens observaient scrupuleusement la Loi sans se soucier de la pureté intérieure. Jésus les a comparés « à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impuretés. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Matthieu 23:27-28). Jésus soutient que la sainteté doit commencer d’abord dans le cœur. On ne peut avoir des mains pures avec un cœur pervers.
Les contemporains de Jésus préféraient les rituels au détriment de la vraie sainteté. A la place de l’amour pour Dieu et pour leurs prochains, ils embrassaient les lois et s’isolaient pour ne pas entendre les lamentations des autres. Mais Jésus leur a montré que les saints sont ceux qui aiment Dieu et qui aiment leurs prochains.
[1]Ce chapitre est largement inspiré de Kent Brower, Holiness in the Gospels (Kansas City: Beacon Hill Press, 2005)
La vie de Jésus, le modèle de sainteté
En lisant les consignes de l’Ancien Testament sur la sainteté, il est tentant de se demander si ces charmantes théories sont applicables dans la vie quotidienne. C’est l’une des raisons de la venue de Jésus: montrer qu’une vie de sainteté est possible. La généalogie de Luc souligne que Jésus était « fils d’Adam, fils de Dieu » (Luc 3:38). Nous avons en ce Jésus, le fils d’Adam, le parfait modèle de sainteté. Tous les évangiles montrent que Jésus menait une vie sainte.
La sainteté est le fait de marcher avec Dieu
Jésus nous a laissé un modèle de la relation avec le divin. Sa vie de prière et ses moments de solitude pour être seul avec Dieu mettent en évidence son intimité avec son Père. Dans son humanité, Jésus cherchait à avoir une relation intime avec Dieu. Il a marché avec Dieu.
L’image la plus saisissante illustrant la relation de Jésus avec son Père est son cri de détresse à la croix. Accablé sous le poids de nos péchés, «Jésus s’écria d’une voix forte: Éli, Éli, lama sabachthani?, c’est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Matthieu 27:46). En prenant sur soi la punition de nos péchés, Jésus se sentit abandonné par son Père.
La vie de Jésus illustre à merveille la réalité d’une intimité avec Dieu. Ce que la vie d’Abraham et de David tente de nous révéler sur la sainteté se manifeste pleinement en Jésus.
La sainteté est une vie de séparation
La sainteté implique le fait d’être séparé du mal pour être consacré à Dieu. En tant qu’homme, Jésus menait une vie complètement séparé du mal. Il « n’a point connu le péché (2 Corinthiens 5:21). Le plus proche disciple de Jésus d’entre les Douze a témoigné qu’«il n’y a point en lui de péché » (1 Jean 3:5).
Jésus menait également une vie consacrée à Dieu en tant qu’homme. Il a vécu dans la soumission complète à son Père. Jésus a dit : «Celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8:29). Jésus était entièrement consacré à son Père.
La sainteté est l’image de Dieu
La sainteté consiste à refléter l’image de Dieu. Jésus est la représentation parfaite du Père. «Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père » (Jean 1:14). Lorsque Philippe a demandé à Jésus: «Montre-nous le Père», Jésus a répondu: Celui qui m’a vu a vu le Père (Jean 14:9). En Jésus, nous voyons l’image parfaite de Dieu.
La sainteté est un cœur non partagé
Les saints sont entièrement dévoués à Dieu, car ils ont un cœur non partagé. Dans le jardin de Gethsémani, Jésus a prié ainsi : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Luc 22:42). Jésus était entièrement soumis à la volonté de son Père. Il nous a montré ce que signifie avoir un cœur non partagé.
La sainteté est une vie de justice
La sainteté authentique réclame une vie de justice. Les saints sont justes, compatissants et miséricordieux. La vie de Jésus est l’exemple parfait d’une vie de justice.
L’ultime acte de justice de Jésus se voit dans son appropriation de la colère de Dieu à la croix. Loin de minimiser la pénalité du péché, Jésus a payé le prix de notre rançon.
Jésus traitait les lépreux, les femmes, les enfants et les indigents avec miséricorde. Il faisait preuve d’indulgence envers la femme prise en flagrant délit d’adultère, envers Zachée et le voleur crucifié. Jésus a accueilli tous les parias et les oubliés de la société.
Plus de 700 ans avant la naissance de Jésus, Ésaïe avait parlé de l’humilité du Messie dans sa prophétie: «Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire » (Ésaïe 53:2). «Il ne criera point, il n’élèvera point la voix, et ne la fera point entendre dans les rues. Il ne brisera point le roseau cassé, et il n’éteindra point la mèche qui brûle encore; Il annoncera la justice selon la vérité » (Ésaïe 42:2-3).
Le premier sermon de Jésus dans la synagogue de Nazareth met en lumière sa justice, sa compassion et son humilité. Lisant la prophétie d’Ésaïe concernant le Serviteur à venir, Jésus a dit:
L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur (Luc 4:18-19, Ésaïe 61:1-2).
Ésaïe avait annoncé la venue d’une ‘année de grâce du Seigneur’, un temps de justice pour tous les peuples. Prophétie que Jésus a accomplie selon ses propres déclarations: «Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (Luc 4:21). Le ministère terrestre de Jésus reste un modèle de Justice pour les chrétiens.
La sainteté dans les évangiles: l’amour du prochain
Dans la leçon 7, Nous avons vu que la sainteté se traduit par un amour sans réserve pour Dieu. La sainteté est aussi le fait d’aimer son prochain. Jésus a donné deux commandements qui résument toute la loi: aimer Dieu et aimer son prochain (Marc 12:29-31).
Un amour authentique et profond pour Dieu produit toujours l’amour du prochain. Si nous aimons Dieu, nous aimerons les hommes que Dieu aime. La sainteté ne se vit pas dans la solitude, elle se pratique en communauté. Une vie sainte se caractérise par l’amour pour Dieu et l’amour pour son prochain. Le premier n’existe pas sans le second.
Jésus a dit: « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25:40). Et Jean a associé l’amour pour Dieu à l’amour du prochain, lorsqu’il dit:
Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas? Et nous avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère (1 Jean 4:20-21).
Le péché prend sa source dans l’égocentrisme. C’est la raison pour laquelle Satan avait promis à Eve dans le jardin qu’elle serait «comme des dieux» (Genèse 3:5). A Babel, l’homme était déterminé à se faire un nom (Genèse 11:4). Sans avoir l’approbation de Dieu, Israël a demandé un roi «comme il y en a chez toutes les nations » (1 Samuel 8:5). Dans chacune de ces cas, l’égocentrisme a été à le motif du péché.
Si le péché est l’égocentrisme, la sainteté (le contraire du péché) par contre priorise l’autre. Si le péché encourage la recherche de son propre bonheur, la sainteté cherche d’abord le bien de l’autre. Si le péché préconise l’amour de soi, la sainteté prône l’amour de l’autre. La sainteté est l’amour du prochain. Vivre dans l’amour est l’injonction la plus fréquente dans le Nouveau Testament. Elle se répète au moins cinquante-cinq fois.
Jésus a enseigné que la sainteté est de la compassion pour autrui. Il a aussi montré que les saints ont pour mission de conduire les pécheurs à Dieu par leur sainte conduite.
Pour obéir à l’ordre « saint, car l’Éternel votre Dieu est saint», il faut aimer son prochain. C’est pourquoi la démonstration de l’amour parfait était au cœur de l’enseignement et des actions de Jésus.
L’amour du prochain dans les actions de Jésus
Quelques mois après le début du ministère de Jésus, Jean Baptiste lui fit dire par l’entremise de deux disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Luc 7:19). Pour un pharisien par exemple, la réponse de Jésus aurait dû mettre en évidence sa consécration et la sagesse de son enseignement, mais elle avait plutôt soulignée sa vie de service:
Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres (Luc 7:22).
Une étude approfondie des miracles de Jésus montrera qu’ils ont été tous motivés par l’amour parfait. Un centurion romain avait demandé à Jésus de guérir son serviteur souffrant. La plupart des rabbins juifs n’auraient pas donné suite à une telle demande, mais Jésus n’a pas seulement guéri le serviteur, il a aussi applaudi la foi de ce païen (Matthieu 8:5-13).
Même lorsque ses miracles suscitaient des controverses, Jésus n’arrêtait pas de montrer son amour. Une fois, il a guéri une infirme le jour du sabbat. Même si la Loi n’interdisait pas un tel acte, les pharisiens s’y opposaient parce qu’il a été accompli le jour du sabbat. L’amour a placé Jésus dans la ligne de mire des leaders religieux (Luc 13:10-21).
L’amour de Jésus a été manifesté même envers ceux qui souffraient à cause de leurs péchés. La femme samaritaine qui vivait dans l’immoralité a expérimenté son amour (Jean 4). Il a défendu une femme prise en flagrant délit d’adultère, à qui il a dit : « Va, et ne pèche plus » (Jean 8:11). La sainteté requiert la séparation du mal certes, mais Jésus savait aussi que la puissance de l’amour surpasse celle du péché.
Jésus n’a pas cessé d’aimer même face à la mort. Malchus, le serviteur du souverain sacrificateur, avait accompagné son maitre pour arrêter Jésus dans le jardin de Gethsémani. Pierre tira son épée et emporta l’oreille de Malchus, mais Jésus le réprimanda, puis guérit Malchus (Matthieu 26:50-52). Jésus a montré comment nous devons aimer nos ennemis.
Sur la croix, l’un des deux criminels condamnés à mort implora sa pitié. Le Jésus souffrant à cause des péchés du monde et non des siens, ne manqua pas de promettre son pardon à criminel mourant (Luc 23:39-43). Même dans son agonie, Jésus aima un homme qui ne le méritait pas.
L’amour du prochain dans l’enseignement de Jésus
Jésus a aussi enseigné l’essence de l’amour parfait, et il a montré que ce dernier est le standard de la vie dans le royaume.
L’amour du prochain dans le Sermon sur la montagne (Matt. 5-7)
Le commandement ‘soyez donc parfait comme votre Père céleste est parfait’, résume l’ensemble du Sermon sur la montagne. Cet ordre est suivi d’une série d’exemples de manifestation de l’amour du prochain. Pour être parfait comme votre Père céleste est parfait, il faut vivre dans l’amour du prochain.
Si la séparation du péché était le seul secret d’une vie de sainteté, les Pharisiens auraient été les gens les plus sanctifiés d’entre le peuple. D’ailleurs, ils étaient surnommés « les séparés ». Mais Jésus exigeait plus que la justice des Pharisiens : «Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux » (Matthieu 5:20).
Parallèlement à la fausse justice des pharisiens, Jésus a souligné que les citoyens de son royaume se caractérisent par l’amour. Une bonne conduite externe qui dissimule un cœur haineux n’est pas de la sainteté, mais de l’hypocrisie. Le cœur et les mains doivent tous est purs.
Celui qui marche dans l’amour parfait va au-delà du commandement « tu ne tueras point», car l’amour cherche la réconciliation avec le frère offensé. Il va aussi au-delà du commandement tu ne commettras point d’adultère, car l’amour ne pratique pas la convoitise charnelle.
Celui qui marche dans l’amour parfait ne cherche pas des excuses pour se divorcer. Il aime son conjoint au point de lui vouloir que du bien. C’est une personne qui dit la vérité sans détour et qui ne cherche pas à se venger d’autrui.
Jésus a conclut pour dire:
Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes (Matthieu 5:44-45).
Pour aimer comme Dieu, il faut aimer son ennemi. Loin de baisser la barre de la sainteté, Jésus l’a plutôt élevée pour ses enfants. «Votre justice doit surpasser» la justice superficielle des scribes et des Pharisiens (Matthieu 5:20). Dieu s’occupe d’abord de la transformation du cœur, avant de voir l’extérieur. Si vous aimer à la manière de Dieu, vous êtes «parfaits comme votre Père céleste est parfait».
L’amour du prochain dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37)
Un docteur de la loi demanda à Jésus : «Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle?» Jésus lui répondit par une question : « Qu’est-il écrit dans la loi? Qu’y lis-tu?» L’homme avait la réponse correcte. Il répondit: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même».
Mais ce docteur voulait se libérer des obligations de l’amour, et trouver une excuse pour ne pas appliquer sa doctrine. «Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: Et qui est mon prochain?» La réponse de Jésus fut la parabole du bon Samaritain.
Dans cette parabole, Jésus enseigna que l’amour ne consiste pas uniquement en paroles mais aussi en actions. À la manière du bon Samaritain, le chrétien cherche constamment des occasions pour servir les autres, et ce, même ses ennemis. Si nous aimons nos prochains, nous serons disposés à les secourir dans le besoin. Jacques a demandé:
Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il? (Jacques 2:15-16).
L’amour parfait se traduit par des mots et des actions, car les saints aiment leur prochain à la manière de Jésus. C’est un amour sacrificiel.
Jésus enseigne l’amour parfait durant le lavement des pieds des disciples (Jean 13:1-20)
Le soir de son arrestation, Jésus enseigna son ultime leçon sur l’amour parfait. Pendant même qu’ils mangeaient le repas de la Pâque, les disciples se mirent à discuter sur celui qui était le plus grand parmi eux.
Mais Jésus leur dit :« Quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? N’est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22:27). Puis il prit une serviette et une bassine, et se mit à laver les pieds des disciples à la manière d’un esclave. Jésus s’est agenouillé pour laver les pieds de tous ses disciples, même les pieds de Judas.
Quand il eut fini, Jésus leur demanda: «Comprenez-vous ce que je vous ai fait?» Il voulait enseigner une importante leçon à ces disciples qui couraient après des positions:
Vous m’appelez Maître et Seigneur; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait (Jean 13:13-15).
Durant les dernières heures passées en compagnie de ses disciples, Jésus en profita pour les enseigner que l’amour parfait est humble, ne cherche pas la promotion mais des opportunités pour servir. Voilà en quoi consiste la sainteté : c’est avoir un amour parfait.
Une vie caractérisée par l’amour parfait
Jésus a dit: Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait (Matthieu 5:48). Certains objectent : Mais personne n’est parfait! De toute façon, nous ne pouvons ignorer cet ordre de Jésus. Que voulait-il affirmer par « Soyez donc parfaits. » Le chrétien ordinaire peut-il obéir à cet ordre?
Quel est la signification de soyez parfaits?
Deux éléments permettent de se faire une idée de cette déclaration de Jésus. Le premier est la définition du mot grec traduit par parfait dans Matthieu 5:48. Teleios signifie être complet. Il vient d’un nom qui veut dire but ou objectif. ‘Etre parfait’ veut dire atteindre le but.
L’Ancien Testament montre qu’une personne parfaite se consacre tout entier à L’Éternel. Cette idée trouve son écho dans les pages du Nouveau Testament, car le dessein de Dieu pour son peuple est un amour complet venant d’un cœur non partagé. La perfection est-elle possible par notre seul effort ? La réponse est non. Est-il possible d’avoir un amour parfait et entièrement dévoué à Dieu ? Oui! Jésus a dit que c’est possible.
Le second élément est le contexte de Matthieu 5:48. Les versets précédant Matthieu 5:48 ainsi que les versets suivants expliquent que la perfection consiste à aimer Dieu et son prochain d’un amour parfait. Cet ordre de Jésus, par conséquent, résume toute la vie du croyant.
Après avoir donné l’ordre «Soyez donc parfaits», le Seigneur enchaine une série d’exemples en rapport à l’amour du prochain en Matthieu 5:21-47. À la place du meurtre, de l’adultère, du divorce, de l’infidélité à ses serments et de la vengeance, les saints marchent dans l’amour. La dernière injonction de la série dit: « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matthieu 5:44). Les saints aiment leurs offenseurs. Ils sont parfaits en aimant comme Dieu.
Après cela, Jésus étale une autre série d’exemples pour montrer comment l’on peut aimer Dieu de tout son cœur (Matthieu 6:1-18). Les hypocrites font l’aumône pour être honorés par les autres, mais ceux qui aiment Dieu donnent au pauvre pour être vus par le Père qui voit dans le secret.
« Les hypocrites aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes.» Mais ceux qui aiment Dieu sincèrement ‘entrent dans leur chambre, ferment la porte et prient à leur Père qui est là dans le lieu secret’. Les hypocrites pratiquent le jeûne pour impressionner les autres. Ils prennent des visages défaits pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Mais ceux qui aiment Dieu véritablement ne veulent être vus que par le Père qui voit dans le secret.
Paul, recommandant au colossiens de vivre dans la sainteté, les a présenté les caractéristiques d’une vie faite d’amour et de pardon, lorsqu’il a dit:
Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement.… (Colossiens 3:12-13).
L’élément clé de cette liste est l’amour : « Mais par-dessus toutes ces choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection » (Colossiens 3:14). La perfection est l’action de se revêtir de la charité. Lorsque Jésus a dit : « Soyez parfaits», c’est qu’il nous a recommandé de nous revêtir de l’amour pour Dieu et pour notre prochain, car l’amour parfait vit dans un cœur non partagé.
Comment se mesure l’amour parfait?
Dans le langage courant, le mot «parfait» a le sens de plénitude absolue. Il est utilisé pour désigner l’état d’une chose qui n’a pas besoin d’amélioration. Si nous attribuons une telle définition au mot « parfait » de la Bible, nous aurons tendance à mesurer la perfection à l’aune de nos œuvres, comme les Pharisiens.
Cependant, c’est l’approche adoptée par de nombreux croyants. À la manière des Pharisiens, ils ont une liste de cases à cocher. S’ils parviennent à cocher toutes les cases, ils sont parfaits.
Je garde tous les commandements.
Je m’habille décemment.
Je parle correctement sans offenser les autres.
Dans la Bible, le mot « parfait » ne signifie pas perfection absolue et il ne s’oppose non plus à l’amélioration. Job était parfait (Job 1:1), mais sa relation avec Dieu s’était affermie au moyen des épreuves qu’il avait endurées.
Le mot « parfait de la Bible veut dire être complet à chaque étape de son pèlerinage. L’auteur de l’épître aux Hébreux s’adressait à des chrétiens qui n’étaient pas parfaits pour leur stade à cause de leur immaturité spirituelle..
Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice; car il est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits (teleios), pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal (Hébreux 5:12-14).
L’auteur n’est pas en train de faire croire que les chrétiens matures (parfaits) n’ont plus besoin de la nourriture spirituelle. Il les encourage au contraire à accéder à la maturité, afin qu’ils puissent se nourrir de la nourriture spirituelle qui convient à leur âge spirituel. La perfection est le fait donc d’être mature par rapport au stade de sa vie et de son expérience chrétienne. C’est le fait d’être complet, et d’être ce que Dieu avait voulu qu’on soit.
Le cercle illustre la perfection biblique mieux que la règle. Un cercle est parfait. Il ne peut être rendu plus rond. Mais le cercle peut devenir plus grand en augmentant sa surface et son diamètre. Il est parfait certes, mais ça peut toujours devenir plus vaste.
Il est indéniable que les véritables saints sont remplis d’amour pour Dieu et pour leur prochain. A mesure que l’on prend de la maturité, sa capacité à aimer se raffermit davantage. Le cercle s’élargit. A mesure que l’on prend de la maturité, « son amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence » (Philippiens 1:9). Il faut qu’à chaque stade de son développement, Dieu déclare au sujet du croyant : « Il m’aime d’un amour parfait. Il est saint»
Un croyant qui a marché avec Dieu pendant quarante ans saura mieux comment agir avec amour envers son prochain qu’un autre croyant qui n’a qu’une année de marche avec Dieu. Mais les deux sont capables d’aimer sans réserve et parfaitement.
Tout Père dont l’enfant de cinq ans lui dessine une image dira : « Merci ! C’est parfait!», sans prétention aucune de nier la nécessité de l’amélioration de l’art de son enfant. Il s’attendra d’ailleurs à un meilleur dessin quand l’enfant aura quinze ans par exemple.
‘C’est parfait’ veut dire que ce dessein vient d’un cœur rempli d’amour, et que la qualité est compatible à l’âge de l’enfant.
L’amour parfait n’est pas un standard de performance, mais un amour sincère pour Dieu et pour son prochain. C’est suivre l’exemple de Jésus qui était venu révéler la nature de l’amour parfait et comment la vivre au quotidien.
Le chrétien ordinaire peut-il avoir un amour parfait?
Les Puritains du dix-septième siècle ont émis un principe fondamental en matière d’interprétation de la Bible. Ils ont soutenu que les commandements bibliques sont des promesses déguisées. C’est-à- dire tout commandement biblique implique une promesse biblique. Si Dieu ordonne quelque chose, il y pourvoira; Ce qu’il demande à son peuple d’accomplir, il l’accomplira dans son peuple.
Prenons le cas d’un père humain qui demande à son fils d’accomplir l’impossible en lui disant : « Mon fils, si tu veux me plaire, il va falloir que tu cours trois kilomètres en deux minutes». Le garçon s’efforcera au début de battre ce record vainement. Mais la demande est impossible à réaliser. L’enfant finira par être découragé ou devenir amer à cause de son échec. Peut-on considéré ce père comme un bon parent ? Pas vraiment.
Mais Dieu est un bon Père. Il n’accable jamais ses enfants avec des ordres impossibles. Quand Jésus nous demande d’être «parfaits comme votre Père céleste est parfait», il nous donne la force nécessaire pour obéir ce commandement.
Le Sermon sur la montagne parle de la vie dans le royaume de Dieu. Les nouvelles lois définies dans ce sermon ne sont pas plus sévères que l’ancienne Loi. Elles n’ont pas la prétention non plus de nous enseigner que les standards de Dieu sont inaccessibles. Elles définissent la vie normale dans le royaume de Dieu. Jésus n’a jamais dit que l’homme est incapable d’obéir à ses commandements. Au contraire, il nous montre comment nous devons nous comporter.
Mais si l’on essaie d’accomplir ce commandement par la force humaine, il s’avèrera être un exercice impossible. Car la chair s’oppose à la perfection. L’homme de chair est incapable d’ai-mer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée. Seule la force de Dieu peut nous aider à lui obéir. L’amour parfait est rendu possible uniquement par la grâce de Dieu.
Un jeune homme riche demanda un jour à Jésus: «Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?» Jésus lui cita les commandements:
Tu ne tueras point; tu ne commettras point d’adultère; tu ne déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage; honore ton père et ta mère; et: tu aimeras ton prochain comme toi-même (Matthieu 19:18-19).
Le jeune homme lui dit: « J’ai observé toutes ces choses». A cela, Jésus ajouta une dernière recommandation : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.» La perfection consiste à aimer Jésus plus que les biens matériels.
Le jeune homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens. Le jeune homme n’aimait pas réellement son prochain, car il refusa de vendre ses biens au profit des pauvres. Il n’aimait Dieu non plus, parce qu’il n’était pas prêt à laisser sa maison en arrière pour suivre Jésus. Le cœur de ce jeune homme était partagé ; il voulait Dieu tout en gardant ses biens.
«Les disciples furent très étonnés et dirent qui peut donc être sauvé?», en saisissant le sens du discipulat. Jésus leur dit : « Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.» Cette réplique répond à la question si des croyants ordinaires peuvent atteindre la perfection.
Sur le plan humain, l’amour parfait pour Dieu et son prochain est impossible. Mais «tout est possible à Dieu». Un père aimant n’exige pas de ses enfants l’impossible. Les commandements de l’Écriture sont tous assortis d’une grâce favorisant l’obéissance. Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait n’est point une formule légaliste menant au désespoir. C’est plutôt une promesse que la grâce de Dieu accomplira en nous ce qui est impossible à la nature humaine.
Est-il possible d’obéir à l’injonction de Jésus d’être parfait? Selon le Sermon sur la montagne la réponse est heureusement « oui ». La perfection dans le royaume de Dieu se traduit par la possession d’un cœur rempli d’amour parfait et sans réserve pour Dieu et pour son prochain. Est-ce vraiment possible ? Jésus affirme que c’est à la fois possible et indispensable. L’amour parfait est le dessein de Dieu pour son peuple.
La sainteté pratique: l’amour soit l’accomplissement de la Loi?
Huang déclare: «J’aime Dieu sincèrement, et j’aime la plupart des gens. Mais j’ai du mal à apprécier les noirs. Je pense que tous les noirs sont des paresseux.»
Sur ce, un ami de Huang lui dit: « Mais les chrétiens doivent aimer tous le monde. Ils n’ont pas le droit de porter des jugements non fondés.» Huang ajoute: «Je ne crois pas que Dieu s’intéresse à ces petites choses. N’est-il pas normal d’éviter ceux qui sont différents de soi ? »
Dieu exige aux saints de traiter tous les hommes -même ceux qu’ils trouvent différents d’eux- avec compassion et miséricorde.
Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Écriture: Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien. Mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché, vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs (Jacques 2:8-9).
L’un des référentiels de la qualité du caractère d’un individu est le traitement accordé à celui qui ne peut rien l’offrir en retour. Il est facile de choyer un haut placé capable de vous donner de l’argent, du travail et du pouvoir. Mais le véritable amour honore ceux qui ne peuvent rien donner en retour, tels que les pauvres, les personnes âgés, les enfants et les oubliés. La loi royale de l’amour influe sur le genre traitement accordé aux autres. C’est ainsi que l’amour accomplit la loi.
L’amour accomplit la Loi
Le thème de l’amour parfait est au cœur du message de la sainteté. Dans la leçon 7, on a vu que l’amour pour Dieu est plus que des émotions. C’est un amour qui change radicalement le cours de notre vie. Nous voulons désormais plaire à Dieu plus qu’à nous-mêmes. De même, l’amour du prochain attire notre attention sur les autres plus que sur nous-mêmes.
Paul écrivit ces paroles à l’église de Rome:
Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements: Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain: l’amour est donc l’accomplissement de la loi (Romains 13:8-10).
Tous les chrétiens ont une dette à payer, celle de l’amour. Paul assure que la satisfaction des obligations liées à l’amour entraine automatiquement l’accomplissement de toute la loi. Si on aime son prochain, on ne lui dérobera pas sa femme, ni le tuer, ni lui voler ou convoiter ses biens, etc. La loi est accomplie dès le moment que j’aime mon prochain comme moi-même.
Paul montre comment la l’amour accomplit la loi dans les dernières chapitres de l’épître aux romains. Il affirme que ceux qui sont remplis de l’amour de Dieu:
Servent le corps de Christ avant toute chose (Rom. 12:3-5)
Détestent le mal et s’attachent au bien (Rom. 12:9)
Cherchent toujours à honorer les autres (Rom. 12:10)
Prennent soin des nécessiteux (Rom. 12:13)
Vivent en paix avec les autres, même leurs ennemis (Rom. 12:14-21)
Se soumettent aux autorités supérieures (Rom. 13:1-7)
Respectent les convictions des autres croyants (Rom. 14:1-23)
Supportent les faibles à la manière de Christ (Rom. 15:1-3)
L’amour pour Dieu change notre égoïsme en un esprit de service soumis à Dieu. Et l’amour pour son prochain oriente notre cœur vers la souffrance des autres. Les deux sortes d’amour définissent la vie de sainteté que doit mener les croyants.
John Wesley a résumé la perfection chrétienne en ces termes:
L’amour est le plus excellent don de Dieu. Toutes les visions, les révélations et les manifestations imaginables ne sont rien comparées à l’amour, à un amour humble, doux, patient. Il n’y a rien de plus élevé en religion. Si vous recherché autre chose qu’un plus haut degré d’amour, vous vous éloignez complètement du but ; vous sortez du chemin royal.
Lorsque vous demandez à d’autres: Avez-vous reçu telle ou telle bénédiction? _ Vous vous trompez, si vous comprenez par-là autre chose qu’une augmentation d’amour; et vous les trompez eux-mêmes. Conservez cette vérité dans votre cœur ; depuis le moment où Dieu vous a sauvés de tout péché, vous devez ne rechercher autre chose qu’une augmentation de l’amour décrit dans le 13e chapitre de la première épître aux Corinthiens. Vous ne pouvez vous élever plus haut.[1]
Comment aimer son frère dans la foi
L’amour pour son frère dans la foi se manifeste dans deux domaines particuliers.
L’amour implique le respect des convictions des autres chrétiens
Dans son épître aux chrétiens de Corinthe, Paul a touché du doigt la question de la liberté chrétienne. Comment doit-on réagir lorsque sa liberté offense un frère dans la foi? S’adressant aux chrétiens «forts» qui disaient que les idoles ne sont rien et qu’ils pouvaient librement se nourrir des aliments consacrés aux idoles, Paul leur dit:
Car, si quelqu’un te voit, toi qui as de la connaissance, assis à table dans un temple d’idoles, sa conscience, à lui qui est faible, ne le portera-t-elle pas à manger des viandes sacrifiées aux idoles? Et ainsi le faible périra par ta connaissance, le frère pour lequel Christ est mort! En péchant de la sorte contre les frères, et en blessant leur conscience faible, vous péchez contre Christ. C’est pourquoi, si un aliment scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de viande, afin de ne pas scandaliser mon frère (1 Corinthiens 8:10-13).
Paul cesserait volontiers de consommer de la viande pour le reste de sa vie, au lieu de causer la chute d’un frère plus faible dans la foi. L’amour parfait l’impose l’obligation de se soucier plus du salut de l’autre que de la jouissance de ses droits. Il dira plus loin : « Nous souffrons tout, afin de ne pas créer d’obstacle à l’Évangile de Christ » (1 Corinthiens 9:12).
Si les corinthiens disaient: « Nous sommes libres d’agir à notre guise. Il n’est pas nécessaire de tenir compte de l’opinion des autres. » Paul disait : «Je suis libre de me mettre au service des autres et de les aimer. Je ne suis pas l’esclave de mes désirs ni de mes droits». Voilà le genre d’amour parfait que Dieu veut communiquer à chaque chrétien.
► Lisez Romains 14
Dans l’église de Rome, il y avait des croyants «faibles» qui ne mangeaient que des légumes. Ces croyants pouvaient être des juifs chrétiens qui ne délaissaient pas les lois alimentaires juives et qui ne voulaient pas prendre le risque de consommer des mets impurs. Il y avait également des croyants «forts» qui savaient parfaitement que le chrétien n’était plus lié à ces lois.
Paul a montré à ces deux groupes comment ils doivent aimer à la manière de Jésus. Les chrétiens faibles ne devaient pas juger ceux qui mangeaient de la viande ; car l’amour ne juge pas.
Cependant, le chrétien fort de son côté ne doit pas mépriser le chrétien faible ni détruire la foi de ce dernier pendant qu’il profite de sa liberté. Il doit au contraire renoncer à l’exercice de cette liberté s’il le faut pour ne pas causer la chute du croyant faible. Au nom de quoi doit-il agir de la sorte? Au nom de l’amour:
Mais si, pour un aliment, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour: ne cause pas, par ton aliment, la perte de celui pour lequel Christ est mort (Romains 14:15).
Voici comment faut-il aimer son frère dans la foi. Nous devons aimer comme Jésus. S’il a pu renoncer à sa vie pour ce frère faible, nous pouvons, confirme Paul, renoncer à notre droit de manger de la viande pour ce même frère.
► Identifiez un domaine de la vie chrétienne qui ne fait pas l’unanimité parmi les croyants pieux et sincères pour en discuter. Il convient de souligner que ce domaine ne concerne pas les doctrines clairement définies dans la Bible, mais plutôt des convictions personnelles. Appliquez le principe de Paul énoncé au 14e chapitre de Romains. Comment chaque groupe -chrétiens faibles et chrétiens forts- doit-il aborder ce problème.
L’amour s’occupe du chrétien qui chute
Jean a été trompé par Ivan, un autre chrétien de son église lors d’un échange commercial. Ivan lui a vendu une voiture d’occasion tout en sachant que la voiture avait une panne grave. Mais il lui a menti en disant : « Je l’ai déjà fait tester par un mécanicien ; cette voiture est en bon état. Tu peux me faire, je suis chrétien.»
Deux jours après, Jean a appris que la boite à vitesse de la voiture était complètement abimée- et qu’Ivan en était au courant.
► Qu’est-ce que Jean doit faire dans ce cas?
Avez-vous répondu: « Jean doit prévenir les autres chrétiens de la mauvaise conscience d’Ivan.»? Ou: « Jean doit garder le silence pour ne pas offenser son frère.»? Considérons la réponse de Jésus.
► Lisez Matthieu 18:15-17
Jésus présente quatre étapes pour redresser un frère égaré dans les limites de l’amour parfait. Il faut souligner que cette étude de cas s’applique uniquement aux personnes qui ont péchés. Jésus n’est pas en train de traiter les conflits résultant des différences d’opinion. Il n’envoie donc personne à aller fouiner dans les affaires d’autrui. La situation pour laquelle le Christ a donné cette solution est lorsqu’un chrétien pèche contre un autre chrétien. Considérons ces étapes:
1. Il faut se présenter seul pour régler le problème avec l’offenseur. L’amour parfait « ne se réjouit point de l’injustice » (1 Corinthiens 13:6). Il ne cherche pas une occasion pour publier sur les toits les transgressions d’autrui. Celui qui a de l’amour cherche plutôt une solution à l’amiable sans ébruité l’affaire. Il redresse le frère «surpris en quelque faute avec un esprit de douceur » (Galates 6:1). Le but n’est pas la vengeance, mais la restauration. S’il n’y a pas de repentance …
2. Il faut prendre avec soi comme témoins un ou deux leaders spirituels. Le but de cette démarche est encore la restauration. Ces témoins doivent être des dirigeants de l’église capables de conseiller dans la bonne voie et d’assurer la restauration (Galates 6:1). S’il n’y a pas de repentance…
3. Il faut présenter l’affaire devant l’assemblée des membres. Le but est toujours le même: la restauration, et non la vengeance ou l’humiliation en public. La finalité de la discipline dans l’église est de provoquer la repentance et d’assurer la restauration. Si cette personne se rebelle et refuse de se repentir …
4. L’Église doit exercer la discipline envers l’offenseur. L’église de Corinthe avait un membre qui s’était rendu coupable d’un péché sexuel grave. Paul recommandait à l’église de discipliner cet homme rigoureusement. «Otez le méchant du milieu de vous » (1 Corinthiens 5:13). Nous n’avons pas le droit d’ignorer la présence du péché dans le corps de Christ.
Il convient de souligner les propos de Jésus. Traite-le «comme un païen et un publicain» (Matthieu 18:17). Comment les chrétiens doivent-ils traiter les païens et les publicains? Avec amour. Même à ce stade, le but vise la restauration. Dans 2 Corinthiens, Paul se prononce sur la situation d’un croyant qui s’était repenti après avoir subi la discipline de l’église. Paul a dit:
Il suffit pour cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, en sorte que vous devez bien plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une tristesse excessive (2 Corinthiens 2:6-8).
Durant la période précédent la rédaction de 1 Corinthiens, l’église tolérait en son sein un homme qui vivait ouvertement dans le péché sans lui infliger le moindre blâme. Paul leur avait donc rappelé qu’ils devaient, par amour pour Dieu, discipliner tous ceux qui pèchent contre le corps de Christ.
Mais en 2 Corinthiens, l’église a discipliné un membre qui avait péché, mais elle a refusé de lui accorder le pardon après qu’il s’était repenti. Pour cela, Paul leur a rappelé que l’amour pour son prochain recommande que l’on pardonne à ceux qui se repentent.
La finalité de la discipline ecclésiastique doit être toujours la repentance et la restauration. Car l’amour parfait ne cherche jamais à se venger.
Comment aimer son prochain païen
Comment aimer parfaitement les incroyants, notamment ceux qui nous détestent en raison de notre foi chrétienne? Jésus a dit:
Vous avez appris qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux (Matthieu 5:43-45).
Quand vous aimez ceux qui vous persécutent, vous êtes « parfaits comme votre Père céleste est parfait». Les saints aiment comme le Père céleste. Voilà ce que c’est la perfection.
Les saints «aiment leurs prochains ; ils manifestent de l’amour non seulement envers leurs confrères chrétiens, mais aussi envers les incroyants, leurs ennemis et les pécheurs notoires. Nous sommes en devoir de traiter nos ennemis avec bienveillance, douceur et patience en toute humilité. Dieu condamne le recourt au conflit, à la vengeance et à la menace ou l’usage de la violence pour résoudre un différend ou pour obtenir justice personnelle. Et bien qu’Il nous ordonne d’exécrer le mal sous toute forme, nous devons aimer et prier pour toute personne qui pratique et vit de la méchanceté.[2]
Les chrétiens ont toujours vécu dans un monde hostile à l’Évangile. Paul encourageait les chrétiens de Rome à se soumettre aux autorités et à payer leurs impôts- sans oublier que ce régime politique massacrait les chrétiens et allait bientôt exterminer Paul.
Pierre a ordonné aux chrétiens : «Honorez tout le monde; aimez les frères; craignez Dieu; honorez le roi » (1 Pierre 2:17). Pierre allait être lui aussi exécuté par un souverain criminel. Mais il tenait à ce que les chrétiens témoignent de l’amour envers leur ennemi. Car, en aimant même nos ennemis, nous témoignons de la vérité de l’Évangile. «Car c’est la volonté de Dieu qu’en pratiquant le bien vous réduisiez au silence les hommes ignorants et insensés » (1 Pierre 2:15).
Joshua sert comme pasteur dans une région située dans le nord du Nigéria où des chrétiens ont été la cible de violentes attaques des militants islamiques. Ils ont incendié des églises, tué des chrétiens et enlevé des jeunes filles pour les vendre en esclavage. La dernière fois que j’ai été au Nigéria, Joshua m’a montré des photos des cadavres des membres de son église qui avaient été tués par ces assaillants islamiques.
Ensuite, Joshua m’a montré des photos de la réaction de son église à ces attaques. Son église a construit une école dans un village musulman. Ils ont creusé un puits pour approvisionner le village en eau potable, ont fourni des fauteuils roulants aux victimes de la polio et ont construit une clinique médicale dans ce village, témoignant ainsi de l’amour à leur ennemi.
Le pasteur Joshua a dit: «Beaucoup de musulmans viennent à Christ parce qu’ils voient l’amour de Dieu à travers les chrétiens. Nous ne les gagnons pas par des armes à feu et par la vengeance, mais en appliquant Matthieu 5:43-48.» Voilà le résultat de la pratique d’un amour parfait dans le monde aujourd’hui.
► Quels sont les plus grands obstacles nous empêchant d’aimer nos prochains non chrétiens à l’heure actuelle? Donnez quelques conseils pratiques devant aider les chrétiens à témoigner de l’amour envers les incroyants dans votre communauté.
L’écrivain russe Leo Tolstoy rapporta l’histoire d’un pauvre cordonnier qui montre en fait ce que signifie vivre une vie d’amour parfait. Ce cordonnier qui s’appelait Martin aimait Dieu profondément. Un soir, il s’est endormi en lisant la Bible et a rêvé Jésus lui disant: « Je te visiterai demain dans ta boutique.»
Martin passa toute la journée à attendre Jésus. D’autres personnes vinrent dans la boutique, mais pas Jésus. Mais au cours de la journée, Martin invita un soldat âgé qui tremblait de froid à s’installer dans la boutique pour lui servir un peu de thé ; il s’occupa d’une pauvre femme et lui donna une couverture pour son bébé qu’elle avait du mal à réchauffer ; et il nourrit un adolescent affamé.
Martin était déçu de ne pas voir Jésus, puis il se dit: «Ce n’était qu’un rêve. C’était stupide de ma part de croire que Jésus viendrait visiter un cordonnier. »
Cette nuit-là, alors que Martin s’endormit de nouveau pendant qu’il lisait sa Bible, il vit dans un rêve des gens venir le voir dans sa boutique. Le soldat lui dit: «Martin, me reconnais-tu? Je suis Jésus!» La femme avec le bébé a dit: « Martin, je suis Jésus.» L’adolescent affamé a dit: «Je suis Jésus». Martin se réveilla et se mit à lire:
« Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli; j’étais nu, et vous m’avez vêtu; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi…Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites » (Matthieu 25:34-40).
Au deuxième siècle, un groupe de chrétiens risquaient leur vie pour soigner les victimes des contagions. Ils furent appelés les «Parieurs». Ils visitaient les prisonniers, soignaient les malades et récupéraient les bébés abandonnés. Ces chrétiens faisaient preuve d’un amour parfait.
En l’an 252, une peste fit irruption dans la ville de Carthage. La ville était complètement bouleversée ; les médecins refusaient de visiter les malades et les familles abandonnaient les cadavres en pleine rue. Alors, Cyprien, l’évêque de Carthage, réunit sa congrégation et rappela aux chrétiens de leur devoir d’être des agents de l’amour parfait. Les chrétiens de Carthage se mirent à ensevelir les morts et à s’occuper des malades. Grâce à eux, la ville fut sauvée de la destruction. Ces chrétiens portaient en eux un amour parfait; ils étaient «parfaits» comme leur Père céleste est parfait.
[1]John Wesley, Exposition de la Perfection Chrétienne (Kansas City: Beacon Hill Press, 1966), 71.
[2]From Discipline of the Bible Methodist Connection of Churches, 2014.
Elle a trouvé le secret - Esther Ahn Kim
Esther Ahn Kim[1] était une professeure de musique qui vivait en Corée durant l’occupation japonaise de 1937. Les Japonais exigeaient à tous les citoyens de s’incliner devant le sanctuaire de la déesse du soleil situé sur le mont Namsan. Ceux qui refusaient, étaient torturés et jetés en prison. En 1939, Esther reçut l’ordre de s’incliner devant le sanctuaire.
Certains chrétiens avaient décidé de continuer à adorer le Christ dans leur cœur, même s’ils acceptaient de se prosterner au vu de tous devant le sanctuaire. Mais Esther avait pris la résolution de ne point se prosterner devant un faux dieu. Elle aimait Dieu d’un cœur sans partage. Ce jour-là, elle refusa de s’incliner.
Après plusieurs mois passé dans la clandestinité, Esther Ahn Kim fut arrêtée vers la fin de l’année 1939. Elle avait passé ces mois dans le jeûne, la prière et la mémorisation des Écritures pour se préparer à la prison et préparer son esprit et son corps à endurer la souffrance.
Kim passa six ans en prison. Torturée à plusieurs reprises, elle demeura toutefois fidèle parce qu’elle aimait Dieu. Mais Kim savait qu’elle devait également aimer son prochain. Elle se mit à prier chaque matin : «Dieu, qui veux-tu aimer aujourd’hui par ma main?» À plusieurs reprises, elle donna sa nourriture à une femme condamnée à mort pour le meurtre de son mari. Grâce à l’amour d’Esther Kim, cette femme se convertit au Seigneur avant sa mort.
[1]Ahn Kim, If I Perish (Chicago: Moody Press, 1977).
Résumé de la leçon 8
(1) Les contemporains de Jésus croyaient tous les enseignements de l’Ancien Testament sur la sainteté, mais ils ne vivaient pas en conformité à ces enseignements.
(2) Jésus de Nazareth incarne le modèle parfait de sainteté. Il a suivi tous les principes de sainteté de l’Ancien Testament.
(3) Aimer parfaitement son prochain, c’est avoir un amour inconditionnel comme Jésus.
(4) La perfection biblique est le fait d’être complet. Elle ne s’oppose pas à l’amélioration.
(5) Un ordre est une «promesse déguisée». Dieu rend possible ce qu’il commande. C’est la grâce de Dieu et non l’effort humain qui produit la sainteté.
(6) L’amour accomplit la loi. Lorsque nous aimons comme Dieu nous appelle à aimer, nous accomplissons la loi.
Exercices de la leçon
(1) Préparez un sermon sur le thème «Aimer votre ennemi au 21e siècle». Utilisez Matthieu 5:43-48 comme texte de base pour expliquer la signification du fait d’aimer son ennemi. Assurez-vous d’y inclure l’évangile (la bonne nouvelle), à savoir ce que Dieu a fait à travers Christ pour rendre les chrétiens capables d’aimer leurs ennemis.
(2) Que les étudiants mémorisent Matthieu 5:43-48 pour la prochaine séance.
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